Psaumes 46:6 Des nations s’agitent et des royaumes s’effondrent: La voix de Dieu retentit, et la terre se dissout.

C'est le temps des révolutions. La dernière a mis en mouvement tout un peuple. Jamais il n'y eut un plus grand pêle-mêle d'hommes, jamais on ne vit une agitation plus gigantesque. Dans les plus humbles villages, comme dans les plus grandes cités, depuis les plus pauvres ouvriers jusqu'aux plus nantis, tous sont apparus au grand jour, bravant tous les dangers, plusieurs même en sont morts. Chose étrange! de tous ces mouvements il n'est pas né, il n'est pas resté un homme.

Et que faut-il pour régénérer ces nations qui marchent étourdies et chancelantes? Avant tout, des hommes.

Les nations ne s'élèvent, ne grandissent, ne rajeunissent et ne se renouvellent que par des hommes. Quand voit-on les peuples s'affaiblir et se précipiter à leur ruine? Quand les hommes leur manquent.

Diogène* autrefois, sa lanterne à la main, cherchait un homme en plein midi. Nous lui ressemblons parce que l'homme qu'on cherche, les hommes dont on a besoin, sont autre chose que ceux dont nous sommes loin de manquer et que nous voyons s'agiter et se pousser de tous côtés.

Où donc est l'homme?

Heureux les peuples desquels on peut redire la parole de l'Évangile : Il y eut un jour pour eux un HOMME envoyé de Dieu

L'homme est le grand moyen employé par Dieu pour sauver l'homme. Une telle mission est certainnement la plus grande gloire que Dieu puisse donner à un homme ici-bas. Cette gloire est presque toujours douloureuse, sanglante. On ne sauve les hommes qu'en se dévouant, et quelquefois en mourant pour eux. Le plus souvent ils ne veulent pas être sauvés : alors il faut les sauver malgré eux, et mourir pour eux et par eux. Dieu a trouvé cela si glorieux, qu'il en a réservé la gloire à son Fils. Ce fut Jésus-Christ! et il accomplit en lui-même, aux dépens de sa propre vie, cette grande vérité: que pour être l'Homme de Dieu et l'Homme de la Providence, que pour être un Sauveur, il faut se dévouer, souffrir, mourir.

Je répète ma question : Où sont parmi nous les hommes?

Tous, nous sommes condamnés à redire cette douloureuse plainte : Levons nos têtes et portons nos regards vers Celui dont le Régne ne chancelle pas et n'a pas de fin; car nul homme; nulle communauté nous entraîne dans l'intégrité et la justice capable de sauver le monde... à suivre

*Diogéne le cynique; philosophe grec (né vers 404 av J.C; décédé en 323 av J.C à Corinthe)