Lors de notre dernier culte nous étions exhortés, à juste raison, à rejeter toute sorte de magie, d'occultisme; mais qui n'a pas, aux jours de l'enfance, prononcer ce mot "Abracadabra" dans l'espoir de voir apparaître l'objet de son désir, mais qu'en est-il de ce mot "magique", utilisé durant tout le Moyen-âge?

Abracadabra est une formule magique populaire signifiant en araméen « il a créé comme il a parlé » (abra-ka-dabra)prononcé par une fée agitant sa baguette pour réaliser un souhait. Si les fées parlent l’hébreu , elles savent que abracadabra signifie : « Il créa en parlant ». Elles ont compris depuis fort longtemps que la puissance de la parole permet à une merveilleuse idée de devenir réalité, de créer, de prendre forme. Elles connaissent la puissance et l’énergie de la parole.

Mais nous, nous préferrons appliquer un de ces bons vieux proverbes populaires qui, à défaut d’enfermer toute la sagesse du monde, sont souvent plein de bon sens. " Les paroles s’envolent, seuls les écrits restent. " Si ce dicton traduit une réalité évidente, son contenu n’est pas biblique ! En effet, nous lisons :

"Il ne profanera pas sa parole, tout ce qui sortira de sa bouche il l’accomplira." (Nombres 30,3)

Pour la Bible, les mots ne s’envolent pas, ils posent un ancrage permanent entre le parlant et son environnement. Si une promesse a été formulée, alors elle doit être tenue, et l’individu restera redevable de son propos vis-à-vis de son prochain, de l’Eternel ou de lui-même, jusqu’à accomplissement de l’acte. Aussi, si c’est avec joie et avec de " bonnes paroles " que nous accueillons ces hommes et ces femmes qui avec timidité osent franchir le seuil de nos églises pour communier avec le Dieu Vivant, Père de l’humanité tout entière; combien plus devrions-nous nous lamenter quand la médisance voire la querelle (Que l’Eternel nous en garde) rongent le sein même de nos communautés ou de nos familles.

La parole bonne ou mauvaise laisse toujours des traces ou des séquelles.

La torah nous invite à ne pas faire trébucher l'aveugle. " C'est évident! " me direz-vous. Alors pourquoi la Torah nous donne-t-elle ce conseil? Serions-nous terrible à ce point? De même, à propos du verset " Tu ne maudiras point le sourd." (Lévitique 19, 4), nous pouvons nous demander en quoi y-a-t-il faute, puisque la personne n’entend pas ? C’est là que la Torah révèle tout son génie : la parole ne concerne pas seulement celui qui écoute, mais d’abord celui qui parle. Nous sommes le premier auditeur de nos propos, même si n’entendons pas toujours ce que nous disons.

Marc 8:18 Ayant des yeux, ne voyez-vous pas? Ayant des oreilles, n‘entendez-vous pas? Et n’avez-vous point de mémoire?

Le but de la Torah ne serait-il pas de lutter contre notre amnésie et notre paresse à acomplir ce que nous disons? Saviez-vous qu’à l’époque biblique, la médisance pouvait provoquer des séquelles corporelles (relisez l'histoire de Myriam, la soeur de Moïse) ? Aujourd’hui elles provoquent des angoisses et parfois l’absorption d’antidépresseurs…

Alors qu'au milieu de nous, dans nos familles, dans notre vie de tous les jours : Qu’on n’entende ni paroles déshonnêtes, ni propos insensés, ni plaisanteries, choses qui sont contraires à la bienséance; qu’on entende plutôt des actions de grâces. Ephesiens 5,4

Si nous lisons le mot "Abracadabra" comme une lecture en boustrophédon (écriture continue de gauche à droite puis de droite à gauche) la formule hébraïque devient arba - dâk- arba, c’est-à-dire « le quatre (Tétagramme du Tout-Puissant) anéantit les quatre (éléments de la vie) » .

Prenons donc au sérieux cet avertissement de la Bible : Qu’on ne trouve chez toi personne qui fasse passer son fils ou sa fille par le feu, personne qui exerce le métier de devin, d’astrologue, d’augure, de magicien, Deutéronome 18:10

Puisse ceux qui nous cotoient apprendre sur notre compte que nous sommes remplis de l'Esprit, et qu’on trouve chez nous la lumière, l’intelligence, et une sagesse extraordinaire.Daniel 5:14