Quelle différence y-a-t-il entre l’homme et la fourmi qui est mise en honneur en Proverbes 6 ? Chaque fourmi dans une fourmilière a sa tâche, elle sait ce qu'elle a à faire, elle n'a pas à en délibérer, « Elle n'a ni chef, ni inspecteur, ni maître »; l’animal est une créature finie. L'homme a en lui une ouverture qui lui offre un champ d’initiatives infinies.

Ce champ de possibilités est-il un bien ou un mal ? C'est-à-dire l'homme est-il le raté ou la perfection de la création ? Puisque, précisément, sa nature n'est pas fermée, justement parce que sa nature demeure ouverte à des possibilités d’actions différentes les unes des autres dont il ne comprend pas d'ailleurs immédiatement le sens ; l'homme a-t-il à se faire, à se créer, et est-ce là précisément ce qui le différencie de la fourmi ? Est-ce là sa grandeur ?

En recherchant une citation, sur « l’esprit » j’ai découvert celle-ci, de Blaise Pascal. « Par l'espace, l'univers me comprend et m'engloutit comme un point, par la pensée, je le comprends » Après l’avoir lue, relue et rerelue… vous connaissez l’histoire ; j’ai été saisi par le fait que si nous sommes « un point », que dis-je, un grain de poussière dans l'immensité de l'univers « qui m’engloutit », cet univers, aussi immense soit-il, n'est qu'un grain de poussière dans ma pensée car « je le comprends ».

On comprend, aussi, peut-être mieux ce verset 14 du Psaume 139 : « Je te loue de ce que je suis une créature si merveilleuse, tes œuvres sont admirables et mon âme le reconnaît bien ».

Mais il est clair que l’homme n’a pas commencé par être un Pascal ou un Einstein.

L'homme primitif – que nous sommes toujours par rapport à l’homme de demain – l'homme primitif a perçu ce champ de possibilités, il a perçu cette ouverture et cet inachèvement et l'homme a cherché à comprendre, il a cherché à comprendre cet univers, il a cherché à l'expliquer ! Mais davantage, il a cherché à le contempler, et les grands savants, les grands inventeurs, ceux qui ont ouvert des routes nouvelles dans la connaissance, ont donné toute leur vie pour elle.

Nous avons donc une vocation immense, une grandeur illimitée ! Et vraiment l'univers, en nous, nous pouvons le comprendre comme un point, mais nous pouvons surtout en faire, selon l'Évangile, la perle du Royaume. Car cet univers, comme nous-mêmes, est inachevé, et c'est dans notre achèvement, c'est dans notre libération que nous l'achèverons et que nous le libérerons, et que nous lui donnerons finalement un visage et un sens.