Le huitième chapitre des Nombres s’ouvre par l’instruction de Dieu à Aaron :                                                                          « Quand tu élèveras les lampes, elles jetteront leur lumière en direction de la face de la Menorah. » 

Pourquoi la Torah utilise-t-elle ce curieux terme : Behaalotekha, "Quand tu élèveras les lampes"au lieu de : "Quand tu allumeras les lampes» ? Le rabbin explique que la Torah préfère se référer à la nature de la flamme qui est de graviter vers le haut et de s’élever et qu’elle a également pour but d’instruire le Cohen (le prêtre) qui allume les lampes de la Menorah, de maintenir le feu sur la mèche jusqu’à ce que « la flamme s’élève d’elle-même ».

La flamme…

Chaque jour, pendant plusieurs heures, les lampes de la Menorah n’étaient pas allumées car il fallait les nettoyer, les remplir d'une huile pure et les pourvoir de mèches neuves. Chaque matin, elles étaient nettoyées, remplies de la plus pure des huiles d’olive et pourvues de nouvelles mèches. Elles restaient ainsi, dans un état impeccable, étincelantes, la plus grande partie de la journée, attendant que le Cohen porteur de la flamme vienne les allumer dans le milieu de l’après-midi. Il se peut qu’elles fussent parfaite en soi, mais elles n’apportaient rien à tout ce qui existait en dehors d’elle-même.

L’homme, également, peut être une lampe sans flamme. Il peut parvenir à un état de perfection intérieure personnelle,  mais le but de la vie est d’être une lampe éclairante, de faire briller ses propres talents et ses aptitudes pour illuminer l’environnement.

S’élève…

Parmi les quatre éléments (le feu, l’eau, l’air et la terre), seul le feu monte vers le haut. Tout comme une flamme se débat en permanence sur sa mèche, l’âme humaine est sans cesse attirée vers le haut, tentant de se détacher de la « mèche » (c’est-à-dire la chaire) qui la retient en bas.

La vie n’est pas seulement une « flamme » qui illumine, mais une flamme qui « s’élève ». Nous pouvons investir nos talents pour étendre et élargir nos aptitudes, toujours sur le même plan horizontal, le long des lignes qui définissent notre réalité terrestre, selon des axes définis par les us et coutumes, les dogmes et les traditions.

La perfection personnelle n’est pas suffisante, pas plus que le fait d’être « un exemple, un dirigeant » qui apporte la lumière dans tel ou tel domaine. Il nous faut être une « lampe de Dieu », il faut que nous aspirions constamment à nous libérer des carcans de notre existence pour atteindre quelque chose de « plus haut ».

D'elle même.

Une lampe ne peut s’allumer toute seule : elle a besoin de feu, d’une source d’énergie extérieure qui enflamme sa mèche. Mais l’objectif est que la flamme « s’élève d’elle-même », qu’elle devienne une source de lumière indépendante.

Cela signifie de ne plus se satisfaire de « ses propres forces » en vue d'une transformation profonde de sa nature et de son caractère et de changements de comportement. Mais d'aspirer à ce que ce nouveau comportement devienne une manière d’agir naturelle et instinctive car il est écrit: 

« Non par la force ni par la puissance, mais par Mon esprit, dit l'Éternel des Armées. »