Une des péricopes abordée dans la paracha de cette semaine raconte pourquoi Moïse ne put entrer en Canaan. Vous connaissez bien sûr cette histoire où Moïse au lieu de parler au rocher le frappe deux fois. Sentence sévère, pour qui ne prend pas le temps de réfléchir, de méditer. Sévère en effet puisque Moïse avait déjà procédé de cette manière en Exode 17 ; 6 mais en Nombres 20 ; 8, il n’est pas question de bâton mais de parole. Avec Jésus il n’est plus question de mort mais de vie. En exode nous voyons Jésus frappé ; en nombres il est le verbe incarné.

Le bâton et la parole, image de deux époques qui se croisent comme en Luc 7;11 où il y a deux cortèges qui vont se croiser aux abords de Naïn, tous deux conduits par un homme jeune. Le premier, c’est celui du jeune homme mort, le second, c’est celui de Jésus dans la maturité de la jeunesse. La première procession s’en va vers la mort; la seconde est en marche vers la vie.

Cortège de détresse et de tristesse d’une part, celui d’une mère en larmes accompagnée d’une foule de gens tristes, courbant le dos sous le bâton et cortège de joie d’autre part, pour ceux et celles qui ont entendu et adopté la parole. Le cortège ascendant c’est celui de Jésus, qui va vers Naïn. L’autre, descendant, est un cortège funèbre, qui tourne le dos au bonheur – Naïn veut dire bonheur en Hébreu - et qui descend avec sa souffrance.

Que nous suggère l’évangéliste Luc, par cette description ? Le cortège funèbre, c’est la foule immense de l’humanité déshumanisée, éloignée du vrai bonheur. La veuve en larmes, c’est Eve qui a perdu l’époux céleste, Dieu – et qui n’enfante que pour la mort. Mais voici que la rencontre avec l’Homme Nouveau, le Juste, a lieu ; la scène est saisissante : le Messie transmet la vie de Dieu, un nouvel avenir s’entrouvre pour ce jeune juif étendu sur une civière mortuaire et qui se voit  « relevé » d’entre les morts, signe de résurrection. La mort n’a pas raison de lui.

L’évangile nous précise que Jésus en croisant la veuve en pleurs est spontanément saisi de compassion. Une femme qui perdait son mari puis son fils était dans la précarité totale, sur le plan affectif et économique. Mais Jésus est surtout ému par la profonde peine de cette femme, et ses premiers mots envers elle sont pour la consoler. Jésus consolateur, lui qui habite Capernaum, le « hameau du consolateur », justement…