La tradition présente généralement le Noé du déluge et celui de l’invention de la vigne comme deux personnages différents. Le premier est un homme juste, intègre parmi ses contemporains, et qui marchait avec Dieu. ( Genèse 6 ;9) Le second, le Noé de la vigne, aurait pu être le premier vigneron de l’histoire, il en est devenu le premier ivrogne ! (André Neher)

Comme pour Adam, dans le récit du Jardin d’Eden, tout commence par une plantation et finit par un mauvais usage du fruit de cette plantation.

Cette histoire illustre la grande difficulté qu’ont les hommes et les femmes de gérer durablement les périodes de paix et d’abondance. Voici, en effet, l’histoire d’une famille qui va se retrouver à vivre, une année entière, dans une très grande promiscuité, devant résoudre une foule de problème au milieu de conditions météorologiques épouvantables avec une totale incertitude concernant leur avenir. Il serait logique de penser qu’après l’épreuve du déluge que tout aurait dû bien se passer entre Noé et ses fils. Les liens qui unissent ceux qui surmontent ensemble une épreuve devraient devenir si stables et si forts que rien ne pourrait  les rompre.

Ce ne fut, malheureusement, pas le cas, tout comme leurs illustres ancêtres qui vivaient une situation idéale dans le jardin d’Eden.

Il semble que ce soit  en situation de facilité que l’Homme devient le plus fragile ; comme si cette situation devait entraîner ces participants dans une chute plus rapide que la vie est devenue plus facile.

La vérité qui semble ressortir du second récit de la création, comme de l’histoire de Noé et de ses fils, et même de notre expérience banale de tous les jours, c’est que la relation, seulement entre humains, ou l’amour seulement humain, sans aucune référence à un absolu divin, conduit dans la majorité des cas à un échec. L’absence de confiance en Dieu peut expliquer le mal-être de l’homme dans des contextes d’abondance.