Les gens de ma génération s’en souviennent - lol diront les plus jeunes - de ce tube qui nous plonge dans une tendre mélancolie nous, les anciens. En hébreu, c'est le terme "Zakar" qui est traduit par se souvenir, penser, rappeler, prononcer, appartenir, faire mention, archiviste, oublier, invoquer, proclamer, célébrer, mémoire, publier, brûler, dire, mentionner, . . . et "Azkarah" pour le nom commun "Souvenir".

Quand on se souvient, on se tourne vers le passé; le passé est-il quelque chose de "dépassé" - relol -? de caduc? L'événement dont on se souvient a-t-il disparu dans le profondeur de la nuit des temps ou bien est-il, d'une certaine manière, actuel? Nous avons naturellement tendance à nous tourner vers l'avenir, mais nous ne devrions jamais oublier le passé - la racine zakhar apparaît dans la Genèse, huit fois, elle désigne un tournant décisif (pour Noé, Abraham, Rachel et Joseph) - car quand on se souvient, c'est qu'il y a du nouveau. Cela peut sembler paradoxal, mais c'est logique : il faut s'appuyer sur le passé pour produire du nouveau. N'avez-vous jamais utilisé cette expression : « Il me faut prendre du recul face à tel ou tel événement? »

Le souvenir nous révèle le sens profond d'un événement. Souvenez-vous quand vous vous êtes, certains diront, "convertis", d'autres "tournés vers Dieu". Ce fut, je n'en doute pas, en tout cas pour moi ce le fut, un jour mémorable. Mais si j'avais du le raconter le lendemain, j'en aurai presque rien dit; un mois plus tard, j'étais un peu plus loquace... que dire 33 ans plus tard: ce n'est plus un simple fait qui s'est passé fin septembre 1980 mais un événement extraordinaire qui s'est enraciné dans mon passé pour transformer mon avenir. Le souvenir révèle l'histoire d'un événement.

Pourquoi Jésus n'a-t-il jamais rien écrit? Pourquoi a-t-il fallu attendre si longtemps pour que quelques hommes écrivent ses hauts faits? L'évangile de Jean est celui qui fut écrit le plus tard, au moins trois générations après Jésus et n'est-il pas le plus riche concernant la doctrine de Jésus, sa réelle relation avec son divin Rabbi?

L'Esprit de la bonne nouvelle avait dépassé le monde palestinien, il n'appartenait plus, si on peut dire, au monde juif mais il avait inondé le bassin méditerranéen. La réflexion théologique sur "le mystère de Jésus" faisait de lui une "Lumière nouvelle" et, ainsi il a été compris bien plus profondément qu'au début.

En fait qu'est-ce que la Bible, sinon un souvenir, une histoire dans laquelle Dieu se révèle. Dans la bible hébraïque, "Zakhor" (Souviens-toi!) avec son antonyme (N'oublie rien!) est un impératif qui ne souffre aucune exception. Il nous faut donc comme l'apôtre le commande en Romains 15;15... Raviver nos souvenirs.

Mais bien sûr vous n'êtes pas obligés de me croire.