En lisant une étude sur la violence dans la bible, je fus conduit à méditer sur le passage où Eli égorgea les 450 prophètes de Baal et mais c'est dans le chapitre 19 du  1er livre des rois qu'une expression hébraïque retint mon attention.

" Q0L DeMaMaH DaQaH " ...UNE VOIX DE SILENCE...traduit, ordinairement par : " Un murmure doux et léger ".

Une concordance nous démontrera, sans difficulté, que les deux traductions sont correctes; ce sont les surprises de l'amphibologie. Dieu, donc, n’est ni dans l’orage au vent violent, ni dans le tremblement de terre, ni dans le feu du ciel, mais dans la voix du silence. Dieu une fois encore n’impose rien, il laisse percevoir, il se fait comprendre...

N’est-ce pas là une merveilleuse parabole à méditer lors de nos orages intérieurs, lorsqu’au milieu des tempêtes de la vie, nous souhaitons que d'une parole, d’un mot il change tout et remette son ordre dans notre tohu-bohu ? Mais voilà que si souvent seul le silence répond à nos cris.

Quoi de plus normal que d’attendre une réponse à la mesure de notre demande, un geste de miséricorde qui nous signifierait que nous ne sommes pas abandonnés. Quand Dieu n’intervient pas pour modifier le cours des choses comme nous le lui demandons, ce n’est pas de l'indifférence de sa part car il est présent dans ce silence. Plus tard, parfois longtemps après que l’orage soit passé, nous prenons conscience que ce qui nous a tenu debout, c’est cette Présence silencieuse au cœur de nos détresses et de nos déchirures. Et comme Jacob nous disons: « Vraiment Dieu était là, et je ne le savais pas » (Gn 28-16)

Dans ces heures d’interrogation, toute réponse ne serait faite que du déjà vécu, du déjà expérimenté. Le silence - son silence - m’oblige à un choix ultime : celui d'être à l'image du Silencieux. D'ailleurs, Demamah -Silence- a la même racine (D.M.H) que Damah -Ressembler. Et c’est alors qu’il me donne à imaginer, penser - qui est une autre traduction de DaMaH- une dimension nouvelle, qui dépasse en longueur, en largeur, en hauteur et en profondeur (Ep 3,18) tout ce qui a été vécu, pour faire la connaissance de l’amour qui surpasse toute connaissance.

 « Que celui qui a des oreilles, qu’il entende... ce silence ! »