En lisant les Evangiles on laisse, parfois, loin de notre méditation certains passages trop directs avec l'excuse que tout cela concerne Israël, qu'il y a 2000 ans de cela et puis c'était Jésus: pas nous.

Comment lire la parabole des vignerons relatée en Matthieu 21 pour que cette histoire devienne celle de chacun de nous? Le verset 45: "C'est pourquoi, je vous le dis, le royaume de Dieu vous sera enlevé, et sera donné à une nation qui en rendra les fruits." peut conduire notre réflexion dans une direction "fructueuse" car nombreuses sont les paroles de Jésus nous exhortant à porter du fruit.

L'âme de chaque homme qui vient au monde n'est-elle pas comme une vigne dont le créateur attend un fruit? Comme une vigne tout y est ordonné et protégé et comme la vigne de la parabole, Dieu ne la confie-t-il pas à d'autres pour que celle-ci grandisse et s'épanouisse?

Quel était le problème des métayers? ... Ils se prenaient pour les maîtres, les propriétaires de la vigne... ne perdons jamais de vue que nous, parents, éducateurs, employeurs, conseillers spirituels ou autres, avons reçu en prêt le bien remis entre nos mains, pour qu'il mûrisse vers la forme voulue par son propriétaire.

Bien sûr dans la parabole, les locataires de la vigne nous apparaissent comme des crapules égoïstes, cupides avides de pouvoir et de biens; nous n'avons rien à voir avec ces manières de faire! Mais, quand nous disons: "Je suis responsable d'untel..." cela ne veut-il pas dire:" Je dois gérer sa vie car il n'a pas les compétences pour..." ou "C'est moi qui décide de ce qui est le bien et le mal, le juste et le faux..." Et avant même de chercher les fruits de la vigne, dans l'âme de notre prochain, on commence à arracher, à tailler, à réglementer, à exiger. Le plus terrible, c'est qu'il n'y a aucune mauvaise intention dans ces conduites puisque c'est pour le " bien d'autrui". En piétinant les rêves, les espoirs, les attentes on croit que l'autre nous appartient et on empêche que s'accomplisse l'oeuvre de Dieu.

Eugen Drewermann a eu cette très belle réflexion, qui pourrait être une résolution à suivre à l'aube de cette année nouvelle : "Quel art il faudrait pour mener à sa destination, faire venir à maturation, la vigne de Dieu, l'âme de notre prochain. Les mots que nous lui dirions devraient être le vent qui passe parmi les feuilles des ceps, léger, doux, bon pour le fruit. Nos yeux devraient avoir pour lui la chaude lumière du soleil, du jour, éloignant la peur, rendant meuble la terre autour des plans qui lèveraient vers la clarté, encourageant le fruit à croître, à murir, lui apportant son miel, son goût accompli, le moment venu. Nos mains, nos gestes devraient avoir la douceur d'une pluie matinale, de la rosée humectant le feuillage. C'est ainsi que nous devrions veiller à la maturation l'un de l'autre dans la vigne du Seigneur."

 

Mais bien sûr vous n'êtes pas obligés de me croire!