En relisant Luc 4, il me plut à imaginer Jésus à la synagogue. Jésus est assis au milieu des anciens. Il était connu mais discret. Comme cela faisait un certain temps qu’on ne l’avait pas vu au pays, après la lecture de la paracha on l’invita à venir lire la « Haphtarah »*. Respectueux, il s’approcha de la chaire où l’on avait préparé les rouleaux de la torah. Jésus déroule légèrement le rouleau pour découvrir la colonne à lire : Esaïe 61.

Il commence la lecture : « L'esprit du Seigneur, de l'Eternel, repose sur moi, puisque l'Eternel m'a conféré la mission de porter un heureux message aux humbles; il m'a délégué pour guérir les cœurs brisés, pour annoncer la liberté aux captifs et la délivrance à ceux qui sont dans les chaînes… »

Cette haphtarah est lié à la paracha Nitvasîm. Aussitôt après ce Shabbat, vient le début de l’année suivi 10 jours plus tard de Yom Kipour. Dans cette période, il y a le Shabbat « Wayèlèkh » illustré par le 31ème chapitre du Deutéronome, en général, les premiers versets du Shabbat suivant sont lus à l’office de l’après-midi :

Wayelekh moshe vadaber… Moïse alla ensuite adresser les paroles suivantes à tout Israël.

Vous comprenez pourquoi Luc termine la péricope avec le verset 30.

Luc ne craint pas de faire démarrer la vie publique de Jésus un Yom Kipour pour la mettre sous le signe du pardon ! Luc en est convaincu, pourtant c’est à mots couverts qu’il rapporte l’évènement – le Seigneur se cacherait-il de devant son peuple ? (voir le billet : Bas les masques) :

 … Et, se levant, ils le poussèrent hors de la ville et le menèrent jusqu'à un escarpement de la colline sur laquelle leur ville était bâtie, pour l'en précipiter.Jésus est appelé à « jouer » le rôle du bouc chargé des péchés du peuple mais ce jour-là son heure n’était encore venue.

Autant l’évangile de Matthieu est rythmé par les fêtes juives, autant du premier jour à Nazareth au dernier jour de la mort de Jésus, où les femmes garderont Shabbat, Luc s’attache à l’inclusion de la fête qui dure 56 jours !

 


*En français dans le texte : Lexique