Nous sommes assaillis par la violence de toute part la violence de la guerre, la violence du terrorisme, la violence d’un forcené, la violence de la rue … il faut même nous « faire violence » pour ne pas céder à la violence face aux évènements  que nous vivons chaque jour. Tout notre être nous pousse à défendre notre vie et celle de nos enfants et, non seulement la nôtre, mais aussi celle de tout être humain. Alors, comment ne pas céder à la violence ?


A peine né, Jésus a été confronté à la violence et au conflit. L’Evangile est plein de passages qui nous relatent ces affrontements. Il est donc capital d’observer l’attitude de Jésus face à cette violence.

Après avoir écrit le billet « Dieu… notre ennemi », je me suis demandé : « Pourquoi je n’étais pas disposé à tendre l’autre joue comme Jésus le préconise ? » Qu’il ne faille pas rendre le mal au méchant, bien sûr, mais faut-il lui être soumis, résigné et faire taire ceux qui souffrent ? Cet appel de jésus est perçu comme irréaliste, utopique peut-être parce que « tendre l’autre joue », dans notre société, est synonyme de faiblesse, de fuite devant l’épreuve.

Examinons le texte avec attention. Jésus nous dit : « Si on te frappe sur la joue droite… » Pourquoi précisément la joue droite et pas la joue gauche ou une joue ? Il faut savoir que dans la tradition juive, les juifs religieux ne touchaient personne de la main gauche réservée aux choses viles. Avec l’intérieur de la main droite, ils touchaient les autres juifs, purs comme eux et avec l’extérieur ils touchaient les impurs, tous ceux qui leur étaient inférieurs.

Maintenant tenez-vous devant un miroir et frappez la joue droite de votre vis à vis avec votre main droite… La gifle dont parle Jésus est un geste de mépris, qui humilie et qui rabaisse l’autre.

Toujours devant le miroir, frappez la joue gauche (l’autre joue) de votre vis à vis avec votre main droite…Votre geste devient alors un geste de bénédiction, d’approbation.

« Tendre l’autre joue » mettait  l’agresseur dans l’embarras.

Ainsi, face à l’injustice, face à la violence Jésus nous invite à lutter, à nous engager pour la justice sans violence, c’est à dire sans force destructrice de l’adversaire.

En recherchant des écrits sur la non-violence constructive comme Ghandi la comprenait, je découvrais ce texte Lanza del Vasto, philosophe pacifiste italien : Amène ton ennemi à te faire deux fois plus de mal qu’il ne le pensait. Pourquoi ? Parce que l’homme qui t’a frappé sait confusément que c’était injuste… L’esprit de justice au fond de lui attend qu’on lui rende la gifle, il en a besoin ; la gifle rendue justifierait celle qu’il t’a donné et permettrait de faire rebondir la lutte… Règle tactique de la non-violence : entraine et force l’adversaire à multiplier les méfaits… Attends sans fléchir qu’il est accumulé assez de fautes et d’injustices pour que quelque chose bascule dans son âme obscure.

Et si ce n’est pas lui qui craque, ce sont les autres autour de lui qui finiront par lui dire : « Arrête, tu exagères. »

Le royaume de Dieu appartient aux violents, c’est à dire à ceux qui pratiquent une violence qui construit l’autre, qui l’édifie.

Je vous laisse la joie de méditer et de découvrir la perle cachée dans les versets suivants en Matthieu 5 ; 40 à 42.