Il n’est pas un jour où la télévision ne nous donne en spectacle les horreurs destructrices qui agitent le monde. La violence d’aujourd’hui a atteint le seuil de la démesure. Peut-on arrêter la violence terrifiante de la guerre, la violence entre ethnies voir entre groupe religieux ? Mais il y a aussi des violences cachées. Il y a quarante ans que la loi Simone Weil a été promulguée ; ne peut-on pas parler de la violence faite à l’enfant tué dans le ventre de sa mère ? Le refus d’accueillir celui qui est différent, la parole qui humilie, le mépris –voir l’ignorance- de celui qui est dans le besoin, l’exclusion des personnes plus faibles qui nous dérangent, tous ces faits ne sont-ils pas le résultat de notre violence intérieure ?

En étant à Jérusalem, je sentais monter en moi des réactions non seulement d’agressivité mais de violence face aux évènements. Est-ce la peur, l’angoisse qui nous fait répondre par la violence, même verbale, à des agressions ? Nous le savons bien, si nous répondons à la violence par la violence, si nous entrons dans le cycle de la violence, il y a toujours un gagnant et un perdant et la spirale de la haine continue.

Etty Hellisum, que je cite souvent, en réponse à un de ses amis qui exprimait sa haine des nazis, affirmait : «  La méchanceté des autres est aussi en nous. Et je ne vois pas d’autres solutions, vraiment aucune solution que de rentrer en soi-même et d’extirper de son âme toute cette pourriture. Je ne crois pas que nous puissions corriger quoique ce soit dans ce monde extérieur, que nous n’ayons d’abord corrigé en nous. »

Dans un précédent billet traitant de ce sujet, qui je vous l’avoue, meuble mes réflexions, j’écrivais : « Le royaume de Dieu appartient aux violents, c’est à dire à ceux qui pratiquent une violence qui construit l’autre, qui l’édifie. »

Mais la principale caractéristique  de la violence est qu’elle donne la mort, détruisant l’autre réellement ou symboliquement. Mort réelle lorsqu’elle est la conséquence d’un meurtre ; mort symbolique lorsqu’elle détruit la personnalité de l’autre. Qui dit violence dit donc complicité avec la mort qui fait peur, que bien souvent on refuse de voir en face, de la considérer comme faisant partie de la vie.

Jésus, connaissant le cœur de l’homme, savait que celui-ci en tuant son ennemi croyait se sauver de la mort. Comme dans les évangiles, Jésus est celui qui a vaincu la mort… il ne nous reste plus qu’à AIMER NOS ENNEMIS !

Et puis Jésus est un visionnaire… pendant longtemps en temps de guerre : la mort de l’ennemi était notre vie  - et vice et versa- aujourd’hui, avec le feu nucléaire, la guerre ne sauve plus rien et la mort de l’ennemi est notre mort.

Il me semble que ce problème de la violence est crucial et mériterait un réel débat dans nos milieux  afin que nous puissions au moins considérer nos ennemis seulement comme des adversaires avec des différences qu’il nous faut respecter. Apprendre à aimer son ennemi est certainement une question de survie de l’humanité.

 

Bien sûr, vous n’êtes pas obligé de ma croire.