Les hébreux et les chrétiens n'ont pas la même interprétation de la Parole car ces derniers ont souvent oublié les connivences entre Jésus et Moïse, Jésus et Josué, Jésus et Salomon ou entre Jésus et les pharisiens. Les chrétiens pensent connaître la leçon du Yod, la plus petite lettre de l'alphabet hébraïque traduit par le iota grec ou même, parfois , par le point sur le i. Mais le Yod a de multiple atouts; il a, entre autre, pour fonction de transformer le temps, en effet, l'originalité de la conjugaison hébraïque est, comme en arabe, de n'avoir que deux temps : l'accompli et l'inaccompli. La différence entre les deux?… Le Yod.

Quand le Yod est absent, le verbe est à l'accompli qui regroupe tous les temps du passé; quand il est présent devant le verbe c'est l'inaccompli c'est à dire le futur, le conditionnel, le subjonctif. Le Yod est comme une main - yad en hébreu - ouverte sur le futur, comme l'est l'Eternel qui a toujours de projets pour l'homme. Comme le Yod est la première lettre du tétragramme - ainsi que de Yeshua - souvent par respect, par discrétion, comme le Yod symbolise Dieu, les hébreux prononcent un Yod qu'ils n'écrivent pas. L'exemple type est : Yeroushalayim ; ne voyant pas le Yod - ici le i - les étrangers, et dans le cadre de ce billet, les chrétiens ni ne le lisent, ni ne l'écrivent.

Dire Jérusalem, c'est donc priver la ville de la présence du Seigneur. Dire Yeroushalayim, c'est enlever toute équivoque athée à la ville de paix.

Mais pour en revenir à l'interprétation de la parole, en parlant du Yod dés le début du sermon de la montagne, Jésus se réclame de la Torah, écrite et orale (Talmud).

Dans un midrash, certainement connu de Jésus, il est dit que la lettre Yod, tombée du nom de Saray, partit se plaindre devant le Seigneur qui, ému, lui dit qu'au lieu d'être la dernière lettre du Nom de Sarah la Juste, elle serait la première dans le Nom d'un Homme Juste. Après avoir désigné les explorateurs de Canaan, Moïse donna à Hoshoua, fils de Noun, le nom de Yéhoshouah (Nb 13 ; 16). Ainsi Jésus qui porte le nom de Josué avec un Yod en première lettre qui se reçoit de "Sarah notre mère" comme disent les juifs déclare et garantit la vérité de la Torah.

Il conclut son serment sur la montagne de la même manière,  en explicitant cette fois une parole de Hillel, rabbin contemporain de Jésus, qui dira : "Ne fais pas à ton prochain ce que tu ne veux pas qu'il te fasse. Voilà toute la Torah!". Jésus appelle ses auditeurs et ses "talmidims" - disciples - que nous sommes à être vigilants et à ne pas passer trop vite à coté d'un essentiel que nous qualifierions de futile ou de passe-temps.

Avec l'illustration, un alphabet hébraïque courant dans les milieux rabbiniques, que je joins à ce billet,  je vous invite à méditer sur la version littérale de Matthieu 5 : 18 : Aussi longtemps que s'écouleront le ciel et la terre, un seul yod ou une seul couronne de lettre ne s'écoulera aucunement de la Torah, aussi longtemps que tout arrive.