Dans les deux premiers chapitres de l'Exode les Israélites sont transformés de minorité protégée en esclaves ; Moïse passe de prince de l'Egypte à berger dans le désert puis devient le chef des Israélites à travers une rencontre divine au buisson ardent. Dans cette histoire trépidante, à peine a-t-on le temps de remarquer un petit épisode qui mérite d'être vu comme un tournant dans l'histoire de l'humanité. Les héroïnes sont deux femmes remarquables, Shifra et Pua.

Nous ne savons pas qui elles étaient, si ce n’est qu'elles étaient sages-femmes, mandatés par Pharaon: «Quand vous aidez les femmes des Hébreux lors de l'accouchement … si vous voyez que le bébé est un garçon, tuez-le; mais si c'est une fille, laissez-la vivre » (Ex. 1: 16).

Etaient-elles juives ou égyptiennes ? La torah ne nous le précise pas mais comme il est invraisemblable que les femmes des Hébreux aient pu commettre un acte de génocide contre leur propre peuple, on suppose qu’elles étaient égyptiennes.

Ce que nous savons, cependant, c’est qu'elles refusèrent d’exécuter l'ordre donné par l'homme le plus puissant de l'empire, le plus puissant du monde antique, tout simplement parce qu'il était immoral, contraire à l'éthique, inhumain : "Les sages-femmes craignirent Dieu et ne firent pas ce que le roi d'Égypte leur avait dit de faire; elles ont laissé vivre les garçons » (Ex. 1: 17). C’est le premier exemple enregistré dans l'histoire de la désobéissance civile: refuser d'obéir à un ordre !

Le fait majeur de cet incident donne à penser qu’elles ont fait cet acte le plus naturellement du monde. Elles ne voyaient rien de remarquable dans ce qu’elles avaient fait ce qui laissa le Pharaon sans réponse.

Lors de la prise d'otage de la Porte de Vincennes, Lassana Bathily l'un des salariés de l'hypermarché cacher a gardé son sang-froid et a protégé plusieurs clients en les cachant dans la chambre froide. « J'ai entendu des coups de feu. Puis j'ai vu mon collègue et des clients descendre en courant. Je leur ai dit : venez, venez ! Je les ai fait rentrer dans les congélateurs. Ils commençaient à crier, je leur ai dit de se calmer. » Quand les otages ont pu être libérés ils n'ont pas manquer de le saluer.

Souvent, la marque de vrais héros moraux, c'est qu'ils ne se considèrent pas comme des héros moraux. Ils font ce qu'ils font parce que c’est ce qu’un être humain est censé faire. C’est probablement le sens de la déclaration selon laquelle elles "craignirent Dieu." Dans la Torah, «  Craindre Dieu » c’est la description de ceux qui ont un sens moral.

Bien sûr, cela est difficile à écrire, mais cette après-midi en France, 3 ou 4 millions de personnes n'avaient-ils le désir d'exprimer, à leur manière, leur crainte de Dieu…