En apprenant le crash de cet Airbus A320 à l’instant T+2 ou 3 mn, je suis sûr que nous sommes tous restés abasourdis, stupéfaits car nous étions à peine remis de l’accident en Argentine et des attentats de début Janvier. Bien sûr nous ne connaissions aucune des victimes, mais nous savions que malheureusement beaucoup de familles, d’amis auraient le cœur brisé au point que, certainement, nombreux seront ceux et celles qui ne s’en remettront jamais.

Et nous étions comme le Samaritain de Luc 10 ; 33, nous étions « émus aux entrailles » (Version Chouraqui). C’est le terme que les évangiles emploient quand ils nous parlent de la compassion.

Bible-on-line nous montre que le terme « Emu aux entrailles » traduit par « Emu de compassion » est employé 12 fois dans les évangiles ; et mis à part dans les paraboles, il est étonnant que seul Jésus soit « ému aux entrailles ». Une telle expérience ne pourrait-elle avoir qu’une origine divine ?

Mais si Jésus a raconté trois paraboles (Le bon samaritain, le fils prodigue et la remise de la dette) où quelqu’un est « ému aux entrailles » n’est-ce pas pour signifier que cette expérience est à la portée de tous ?

Dans un dictionnaire biblique, au sujet de la compassion, il est cité ce texte extrait des manuscrits de la mer morte : « Dans les derniers jours, Dieu enverra sa miséricorde sur la terre, et là où il trouvera des entrailles de miséricorde, là il habitera. Car autant l’homme a pitié de son prochain, autant la Seigneur a pitié de lui. »

La compassion serait  un appel divin, non pas moral mais ontologique*. C’est en y répondant que chacun de nous devient une personne à l’image de Dieu, c’est à dire que nous atteignons notre pleine stature humaine. « Là où nous faisons de la place en nous pour autrui, nous faisons de la place pour Dieu. » Lytta Basset

Une rapide lecture des trois passages de l’évangile de Luc où le terme est employé montre une liaison étroite entre « voir » et « être ému aux entrailles ». Qu’est-ce que Jésus vit en Luc 7 ; 13 que ses disciples ne virent pas ? Que vit le Samaritain en Luc 10 ; 33 que le prêtre et le scribe ne virent pas ? Qu’est-ce que le père du fils prodigue vit en Luc 15 ; 20 que le fils aîné ne vit pas ? La souffrance, la détresse, l’intimité d’autrui réveilleraient-elles notre souffrance, notre détresse au point de bouleverser le plus profond de notre intimité ?

Que verrons-nous dans les jours à venir la douleur et la mort mis en spectacle en direct, l’étalage de la souffrance exhibée devant une curiosité morbide ou la souffrance même  de Dieu dans l’intimité d’hommes et de femmes en détresse ?

 

* En français dans le texte : Lexique