Le mois de juillet, le mois des exploits sportifs avec le mythique « Tour de France »  et ses remarquables prises de vues de notre pays à la TV. Beaucoup d’associations en profitent d’ailleurs pour s’exprimer d’une manière artistique, d’autres expriment leur revendication tel ce rassemblement de bergers des Alpes de Haute-Provence. Au pied de leur parc de brebis, on pouvait lire : «  Laissez-nous vivre ! »…

C’est le terme « ro’hé » qui, en hébreu, signifie « berger » dont la première occurrence se trouve en Genèse 4; 2.  Dans l’Evangile, au risque de vous surprendre il est très peu employé. De berger, pour citer Jésus, il n’y a que la parabole du «Bon Berger » relaté par l’auteur de l’Evangile de Jean.

Pourquoi faut-il attendre les années 90 pour que Jésus soit appelé « Le bon berger » alors que déjà, 10 siècles avant, David chantait : «  L’Eternel est mon Berger ! » ?

Pourquoi les auteurs des évangiles de Matthieu, Marc, Luc et même l’apôtre Paul prennent-ils garde de ne pas employer ce terme pour qualifier Jésus ?

Voyez en Luc 15 ; 3-7 ou Matthieu 18 ; 12-14 : Lequel d'entre vous, s'il a cent brebis et vient à en perdre une, n'abandonne les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour s'en aller après celle qui est perdue, jusqu'à ce qu'il l'ait retrouvée ? Il n’en est nullement question !

Je crois qu’il nous faut prendre en compte le contexte du chapitre 10 de l’Evangile de Jean. Le verset 22 nous dit que l’action se situe à Jérusalem lors de la fête de la Dédicace ; une fête qui célèbre la victoire des fameux Macchabées sur Antiochus IV en 165 av.J.C. Mais la fête que connaît l’auteur de l’Evangile n’a, certainement, plus rien de commun avec la fête qu’a pu connaître Jésus car Jérusalem et son temple on été détruit en 70.

En effet, le berger de l’ A.T. est l’image du Messie, du Sauveur d’Israël, un chef militaire, titre que les mouvements révolutionnaires zélotes avaient pris à leur compte. On peut comprendre qu’en cette période d’occupation romaine on hésitait à utiliser une appellation revendiquée par des « terroristes » aux yeux de romains.

Mais 20 ans se sont écoulés, l’écrivain évangélique a jugé le temps venu d’opposer au berger « terroriste » des zélotes, aussi appelé « brigands » par l’historien Josèphe Flavius, le juste berger des écritures. La parabole restaure le sens du symbole du berger en appelant Jésus : Le Bon Berger. Et il faut attendre le 2ème, voir le 3ème siècle pour que le titre de Berger soit couramment utilisé pour désigner Jésus, les ecclésiastiques ou autres prêtres et pasteurs car c’est un terme qui porte en lui des notes politiques et qui évoque délivrance et libération.

Mais, l’image que nous nous faisons de ce Bon Berger, gentil et doux, charmant avec son agneau sur les épaules est-elle juste ?

Cela est une autre histoire que j’espère aborder dans un prochain billet…