Cette semaine, la paracha Ki teste (Deutéronome 21:10-25:19) commente une avalanche de loi qui a trait à toutes les péripéties de la vie telles la guerre, la famille et ses drames, les droits des pauvres et des orphelins…etc. Il nous est difficile d'y trouver un fil conducteur. Au retour de ce voyage en Roumanie où avec "Le Secours Protestant" nous avons côtoyé quotidiennement la pauvreté en essayant d'y apporter un peu d'espoir, ce sont les premiers versets du 22ème chapitre du Deutéronome qui me parlent: "Tu ne dois pas voir le bœuf ou la brebis de ton frère égarés et te dérober à eux: tu es tenu de les ramener à ton frère. Que si ton frère n'est pas à ta portée, ou si tu ne connais pas le propriétaire, tu recueilleras l'animal dans ta maison, et il restera chez toi jusqu'à ce que ton frère le réclame; alors tu le lui rendras."

On ne peut pas lire ce passage sans y voir un parallèle avec la parabole de la brebis perdue. On peut s'étonner qu'un berger se soucie d'une brebis au point d'abandonner le reste du troupeau; pourquoi nous aussi nous prêtons, parfois, tant d'importance à quelque chose de perdu? Peut-être parce que nous sommes liés par l'espoir de retrouver l'objet perdu, pensons à la perte de la santé ou la perte de l'emploi qui entraîne une perte de dignité et une perte de respect de soi et des autres, pensons à la perte de la mémoire. Pensons à cette brebis perdue errant dans la rocaille, sans aucun moyen de survivre dans des endroits qu’elle ne connaît pas ; qu’en fera le berger quand il la retrouvera ? Bien sûr il en prendra soin mais surtout il la remettra dans le troupeau !

Les chefs politiques sont, eux-aussi, des bergers qui doivent assurer la subsistance du troupeau, maintenir l'ordre avec une empathie mais il doit se soucier aussi de ces multiples « pertes » déchues de leur dignité. Il est du devoir des politiques de restituer l’espoir. Il est de notre devoir d’accorder un futur à tous ceux qui ont même perdu leur présent.

La paracha Ki tetse se termine en relatant l’épisode d’Amalek  qui s’attaquait aux trainards, à ceux qui étaient fatigués. Mais dans le peuple d’Israël, il y avait une tribu qui avait la charge de récupérer les objets perdus. La tribu de Dan devait soutenir et encourageait tous ceux qui ne marchaient pas au même rythme.

La Torah rappelle souvent qu’il y a une guerre contre Amalek, une guerre contre ceux qui s’acharnent sur les plus faibles, contre ceux qui exploitent ces faiblesses. Notre responsabilité n’est-elle pas justement de prendre en charge toutes ces pertes qui sont des plaies dans la société, des plaies qu’il faut panser et guérir. Le verset 3 du chapitre 22 précise que la restitution de la perte est une loi à laquelle on ne peut pas se dérober.

Une société ne peut pas être une société juste si elle ne se soucie pas de la restitution de la dignité  de la personne humaine en leur restituant dans la mesure de nos capacités un peu de ce qu'ils ont perdu et en ne les laissant pas dans le désespoir.