Aucune parole ne saurait être à la mesure du soulagement vécu par les familles de Manon, cette jeune fille disparue le 1er Janvier et retrouvée saine et sauve ou de ce bébé, Tizio, retrouvé grâce à l’opération de gendarmerie « Alerte enlèvement ». N’ayant jamais vécu une telle épreuve, je ne peux pas imaginer la souffrance très vive, la peine, l’angoisse immense que des parents doivent ressentir quand pendant des jours ils n’ont plus de nouvelles de leur enfant. Pour Manon et Tizio cela se termine relativement bien mais pour beaucoup d’autres parents le calvaire continue c’est le cas pour les proches de Maélys ou ceux d'Estelle Mouzin disparue en 2003.

Ces faits tragiques m’amènent à méditer sur les versets 41 à 52 du chapitre 2 de l’évangile de Luc où nous est relaté un fait similaire.

L’histoire est bien connue : Jésus, « enfant » de douze ans, est monté à Jérusalem avec ses parents pour la Pâque. Après la fête, ses parents repartent vers Nazareth, croyant Jésus avec des proches sur la même route. Au bout d’une journée de voyage, ne le trouvant pas, ils retournent à Jérusalem et au bout de trois jours, ils le découvrent dans le temple, assis au milieu des maîtres.

Etudions un instant la réflexion de Marie en voyant son fils : « … ton père et moi nous sommes au supplice en te cherchant… » Pour notre culture, il semble que le terme « SUPPLICE », sous entendant tortures et bourreau, est inapproprié. Que traduit ce terme ? Il est la traduction du grec « Odunao »  qui signifie : Causer une peine intense, être dans l'angoisse, être tourmenté, se tourmenter ou s'affliger soi-même… Il me semble que dirent : « … Ton père et moi sommes dans l’angoisse » correspond mieux à la situation vécue.

Si d’éminents traducteurs, comme Louis Segond, ont choisi de traduire « Oduano » par « Supplice » il doit y avoir une raison !

Ce mot « Oduano », en Grec, ne se trouve que quatre fois dans la Bible, 3 fois dans l’évangile de Luc et une fois dans les actes. On peut, il me semble, accepter le terme fort de « supplice » dans la parabole du « riche et du pauvre », citée en Luc 16 mais peut-on croire, alors que Jésus, lui-même, fasse endurer une telle torture, réservée aux « damnés », à ces parents ?

Ou bien, dans la parabole, le « riche » est en proie à une angoisse immense du fait qu’il soit lui-même privé d’un être proche : Abraham. Je suis conscient que le fait de supprimer le caractère infernal des démons et des tortures offusque certains d’entre vous…mais, après un moment difficile de la vie, ne dis-t-on pas, souvent : « J’ai vécu l’enfer ! »

Pour teminer je vous laisse deux citations à méditer:

Quelle que soit la personne que tu regardes, sache qu'elle a déjà plusieurs fois traversé l'enfer. Christian Bobin…Les ruines du Ciel.

Rien n'est plus redoutable que de prêter à Dieu les passions et les motifs d'action que nous nous sommes forgés nous-mêmes. Jean d'Ormesson…Le guide des égarés.

Bien sûr vous n’êtes pas obligés de me croire !