Pour répondre la question du commentaire du billet intitulé : Dieu fois Dieux (1), nous aurons besoin de nous plonger dans un dictionnaire étymologique. Nous avions remarqué que le troisiéme mot de la bible était un nom propre : Elohim. Avons-nous le droit de changer l'identité de la personnalité cité en Genése 1;1? C'est ce qui se produit dans douze traductions françaises sur quatorze!

Douze versions françaises sont d’accord pour dire que ce nom primordial est : DIEU. Mais la vraie Bible est écrite en hébreu, et c’est en hébreu qu’elle délivre son véritable message. A commencer par le nom autour duquel tout son message gravite et s’articule. Ce nom n’est pas DIEU mais ELOHIM. __« Bereshit bara Elohim et ha shamaïm vé et ha éretz »__ C’est encore de l’hébreu, mais il est occidentalisé dans la forme. En voici la traduction, par Dhorme aux éditions de La Pleiade : « Au commencement Elohim créa les cieux et la terre », et par Chouraqui : « Entête Elohîm créait les ciels et la terre »“. Est-ce vraiment si important et si grave ? Cela ne revient-il pas au même? Dieu / Elohim qu'importe!

Sûrement pas ! Car les composants des noms hébreux sont toujours savamment dosés, d’une manière précise. Ils ont même des valeurs numériques. Ils constituent un code d’accès à la banque centrale de données qu’est la Bible. Sans la bonne clef, la bonne serrure ne s’ouvre pas. On observe, avec étonnement, que le nom ELOHIM, qui est le plus important de la Bible, est le seul à être radicalement éjecté de la majorité des traductions françaises, alors que la multitude des autres personnages y gardent chacun son nom propre, à peine occidentalisé, dans certains cas, pour en faciliter la prononciation.

Ethymologie:

Un simple dictionnaire éthymologique nous apprend que :

Le mot DIEU s’est glissé dans la langue française au IXéme siècle. DEI, son plus lointain ancêtre remonte à une souche indo-européenne; et de tout temps, DEI a exprimé la lumière du soleil et les phénomènes naturels qui s’observent dans et sous le ciel.

Le mot JOUR s’est modelé en partant du latin DIURNUS, avec l’érosion phonétique, il est devenu: DI-OURNOUS, I-OURNOUS, I-OUR, JOUR. L’usage technique a gardé la forme DIURNE. Dans le même temps, la contraction du mot DIURNUS à sa première syllabe DI, engendrait le latin DIES, qui se traduit aussi par JOUR, et que l’on retrouve dans LUN-DI (jour de la Lune), MAR-DI (jour de Mars), et ainsi de suite pour toute la semaine, comme dans Ml-Dl, QUOTI-DI-EN, MERI-DI-ONAL. Le mot JUPITER fut formé de I-OUR et de PATER, le JOUR PERE, autrement dit le JOUR qui, par la lumière du soleil, engendre tout ce qui existe. Les Romains ont adopté, sous le nom de JUPITER, le ZEUS des Grecs.

Le ZEUS grec, qui se prononçait ZE-OUS, a glissé jusqu’au DEUS latin, prononcé DE-OUS. Et c’est ainsi que, recentré en français sur la racine DI, déjà relevée dans DI-URNUS et Dl-ES, le vocable DIEU a pris naissance du latin DEUS. La racine DI subsiste encore dans le latin DI VUS, qui a donné deux branches françaises : d’une part DEVIN, DEVINER, et d’autre part DIVIN, DIVINITE, avec un retour en boucle sur DIVINATION.

De même le THEOS grec, qui se veut plus savant que le banal DEUS latin, mais qui a le même sens, se rapporte lui aussi à ZEUS, avec un rappel de la racine grecque THAW, qui signifie CONTEMPLER.

En employant le mot THEOS, à l’époque d’Archimède, puis le mot DEUS, à l’époque de Jules César, le Grec et le Romain ne parlaient pas du même sujet que nous, lorsque nous utilisons le mot DIEU. Ils évoquaient la figure allégorique ZEUS.