L'intitulé du chapître 5 de l'évangile de Marc dans la version "La Colombe" est : Un démoniaque guéri; de même le chapître 9 de l'évangile de Jean a pour titre : Guérison d'un aveugle-né. Comme à mon habitude, je m'interroge : de quelle maladie ces deux hommes ont-ils été guéris?

Maintes fois dans les évangiles, il est dit que Jésus guérissait les malades et chassait les démons. La racine du terme grec employée dans les textes relatant une guérison est "therapeuo" ou " iaomai" ou parfois "hugies" toujours associée à l'idée de la guérison d'un mal ou d'une maladie. Par contre quand il s'agit de démoniaque ou d'esprit impur, il est utilisé le terme "sozo" associé à l'idée de délivrance.

Notez qu'en Marc 5, pour les trois miracles relatés dans ce chapître, il n'est question de guérison que pour la femme à la perte de sang. Nous reviendrons sur le cas de l'aveugle-né qui , on le décrirait ainsi aujourd'hui, est un handicapé de naissance.

Regardons de plus prêt l'homme de Gerasa que nous présente l'évangile de Marc:

A peine débarqué en terre païenne, Jésus est en contact avec un homme, littérallement, "en esprit impur" c'est à dire "un homme privé de sa raison" , qui avait sa demeure dans les sépulcres, qui vivait parmi les morts. Cet homme est un banni que la société a rejeté.

C'est donc un handicapé mental que l'on craignait de renconter (Matt. 8;28) pour lequel on n'avait aucune solution. En principe, les personnes handicapées ne sont pas des "malades" ; elles sont, telles qu’elles sont, avec les difficultés liées à leur corps et leur esprit, avec les obstacles que l’entourage et l’environnement mettent sur leur chemin de vie et qui les handicapent comme on liait l'homme avec des chaînes.

Il criait sa soif de liberté, son desespoir face à la solitude des sépulcres dans les montagnes; quiconque est familiarisé avec le langage biblique comprend que cette montagne, ces cris, cette détresse nous parle de l'homme abandonné cherchant, il ne sait où, le secours de Dieu, qu'il ne connait pas. Je lève mes yeux vers les montagnes… D’où me viendra le secours? Ps 121;1

Puisque le monde le rejette, cet homme est violent envers ceux qui le font souffrir et pourtant : "Ayant vu Jésus de loin, il accourut, se prosterna devant lui". Pourquoi avait-il confiance en Jésus? Ne sera-ce pas parce que Jésus lui ressemblait? Voyez comment les scribes parlent de Jésus en Marc 3;2 et 3;20. Les proscrits l'attirent - Jésus est le proscrit par excellence - car chez eux c'est l'homme même qui est menaçé ou anéanti. Dans leur solitude ils ne peuvent plus être de véritables hommes n'ayant plus personne à aimer et personne pour les aimer. Mais Jésus va vers eux pour rétablir le double courant de l'amour.

Il me semble, ici, que le miracle n'est pas le fait d'une guérison - le handicap n'est pas une maladie - mais d'une réhabilitation, d'une restauration. Jésus restaure l'Homme en cet homme pour le rendre à ses fréres et pour qu'ils reconnaissent un frére en lui.

Il se pourrait même que souhaiter la guérison d’une personne dite handicapée soit une insulte, un affront à l’égard de cette personne. Une personne trisomique est une personne trisomique. Agissons envers elle comme envers n’importe qui d’autre, avec ses forces et ses faiblesses. Et ainsi nous ferons des œuvres aussi grandes que celles accomplies par Jésus.

Au vu du verset 15, il n'est pas sûr que le fou de Gérasa ne soit plus fou mais une chose est réelle il redevenu sociable car débarrassé des démons. Il se peut que ces « démons » qui perturbent une « personne handicapée » soient les démons d’un environnement qui le rejettent.

Encore une chose, le message de " L'Eglise du fou" devait être celui-ci : La miséricode de Jésus. L'amour de jésus pour l'autre quel qu'il fut!

Bien sûr vous n'êtes pas obligé de me croire!