On dit souvent qu’il y a des choses avec lesquelles on ne plaisante pas. La question du blasphème et de l’outrage en est une qui, ces derniers temps, a exacerbé le monde. Mais à vouloir défendre le nom de Dieu, on en arrive parfois, paradoxalement, à le bafouer. La profanation du nom divin n’est pas toujours là où on la croit. La première occurrence  de ce terme, que bible on-line nous propose, en association avec « Elohim » est en Exode 22.28 :  Tu ne maudiras point Dieu, et tu ne maudiras point le prince de ton peuple.

Les sages en ont retenu trois interdictions capitales :

1. Interdiction de maudire le magistrat : Outrage à magistrat (Elohim étant pris, ici, comme puissance, magistrature)

2. Interdiction de maudire Dieu : Blasphème.

3. Interdiction de maudire le chef (politique) : atteinte à la dignité du représentant de l’État.

Ces prohibitions font elles-mêmes écho à celle énoncée au chapitre précédent : «Celui qui maudit ses parents sera mis à mort » (Ex. 21,17).

Au temps biblique, le châtiment réservé au blasphème pouvait prendre la forme de la peine capitale la plus infâmante, à savoir la lapidation.

Celui qui blasphème nominativement l'Éternel doit être mis à mort, toute la communauté devra le lapider, étranger comme indigène, s'il a blasphémé nominativement, il sera puni de mort (Lv .)24,16

On comprend qu’en se référant à un temps révolu, prenant leur croyance pour une certitude universelle, certains religieux montent en épingle chaque incident comme si c’était une profanation suprême. L’outrage les conduit à l’outrance, incapable qu’ils sont de garder leur sang froid.

Pour un juif pratiquant, profaner publiquement le Chabbat est grave – c’est même mentionné dans les dix commandements – mais cela ne lui donne pas le droit de « caillasser » quiconque le ferait. Et si blasphémer est irrespectueux, les idéologies fondamentalistes, toutes obédiences confondues, n’ont pas à s’en nourrir pour attiser la haine.

Le rabbin Abraham Isaac Kook (1865-1935) disait :

Les véritables justes n'élèvent pas leurs plaintes contre l'iniquité, mais instaurent la justice ; ils n'élèvent pas leurs plaintes contre l'hérésie, mais confortent la foi ; ils n'élèvent pas leurs plaintes contre l'ignorance mais propagent la sagesse.

En Ezéchiel 36 ; 20 Dieu nous dit quand Il se sent insulté :

« ( Ils ont profané Mon saint nom parce qu’on disait d’eux ) ….

‘‘Et dire que c’est le peuple de Dieu, et c’est de Son pays qu’ils sont sortis’’ Ez. 36,20

… Ou en français courant : Voyez untel qui parle tant de la Bible, regardez comme ses actes sont corrompus, combien son comportement est honteux !

Et le rabbin d’ajouter :

Si quelqu’un est capable de lire et commenter la Tora et sait se montrer prévenant envers les sages, n’est pas pour autant capable de se montrer honnête en faisant du commerce ni de s’adresser avec respect à toute personne qu’il rencontrerait, que disent alors les gens à son sujet ? Pauvre homme est le père qui lui a enseigné la Tora, pauvre homme est le maître qui le lui a enseignée !

Pour conclure, puisse la réflexion du rabbin Rivon Krygier (Docteur en Science des religions, de la Sorbonne) nous aider dans notre recherche du Royaume de Dieu et de Sa Justice.  

« ……. La vraie question n’est pas qui est l’impie ou le profanateur, mais qui est le religieux, celui qui est censé, malgré toutes les faiblesses humaines, porter les valeurs de justice et d’humanité enseignées dans sa religion. On ne force le respect, de Dieu et de la religion, que parce que l’on agit et réagit dans le respect. »