Un épisode de la paracha - Vaygach - est particuliérement émouvant puisqu'il raconte les retrouvailles d'un père - Yacov - et de son fils - Yosseph - et de ce dernier avec ses dix frères qui l'avaient vendu. Le terme, Vaygach, est traduit par "il s'approcha" qui évoque aussi une idée d'unité, de fraternité. Le verbe fraterniser doit vouloir signifier : vouloir s’entendre avec quelqu’un, sympathiser avec lui, le considérer comme un alter ego. Mais la vraie fraternité se vit dans la différenciation et non dans la similitude de culture, de comportements, d’intérêts. 
 
Plusieurs paraboles du nouveau testament font écho à cette paracha ou, peut-être, en est-elle la source? 
C'est la parabole du riche et du pauvre Lazare en Luc 16,19-31 qui relate la difficulté de vivre la mixité sociale. "Il leva les yeux, il vit de loin..." est-il dit du riche; Yosseph....Yehouda ..... levèrent les yeux et ils s'approchèrent. 
C'est la parabole du bon samaritain en Luc 10, 29-37 qui pose la question de la discrimination. Le prochain n'est pas celui qui se trouve proche mais celui dont on se rapproche. Comme le dit fort bien Paul Ricoeur: " Ce n'est pas la proximité qui suscite l'amour mais c'est l'amour qui suscite la proximité." 
C'est, évidemment, la parabole du fils prodigue en Luc 15, 11-32 qui montre comment naît l'exclusion. Comme le père dans l'histoire de Jésus, scrutant l'horizon, Yosseph "vit de loin" et sans attendre, il envoie des chariots - agaloth, en hébreu - un terme à approcher de "gela" - génisse -. 
 
Récemment, dans la rue nous partagions nos souvenirs de l'église et nous nous interrogions: la transparence est-elle une bonne chose? Ils nous semblait qu'à tant aspirer à la transparence on devienne invisible, on n'existe plus, on n'intéresse plus personne. Se réjouir de ce qui arrive de bien chez l'autre n'est-ce pas l'attitude fraternelle par excellence? 
«Tu aimeras ton prochain comme toi-même » il me semble qu’en ces temps de crise, plus ou moins difficiles pour certains, l’Eglise ait un peu oublié que le prochain n’est pas un proche, un familier mais un autre totalement différend de nous et que Dieu aime. 


Ouvre nos yeux à toute détresse, inspire-nous à tout moment la parole qui convient quand nous nous trouvons en face de frères, d'amis, d'hommes, de femmes seuls ou désemparés. Donne-nous le courage du geste fraternel quand nos frères sont démunis ou opprimés. Fais de ton église un lieu de vérité et de liberté, de justice et de paix, afin que tout homme puisse y puiser une raison d'espérer encore.