Il est une péricope dans l’évangile de Jean au chapitre 13 que l’on n’aborde pas souvent, voir dont on évite de parler parce que l’on semble frustrer de ne pas pratiquer le « lavement des pieds. »

Ensuite il versa de l’eau dans un bassin, et il se mit à laver les pieds des disciples, et à les essuyer avec le linge dont il était ceint. Jean 13 ; 5

Peut-on  imaginer le gourvernant d’un pays qu’il soit président de la république ou roi s’agenouiller devant ses ministres et leur laver les pieds ; qu’ont-ils bien pu penser les disciples en voyant leur maître s’humilier ainsi ? Ne découvrirent-ils pas , avec stupeur, la réalité de l'amour de Jésus pour l'humanité?

Est-il convenable que Jésus s’agenouille devant un homme, devant des hommes qui le trahiront, le renieront, s’endormiront, s’enfuiront… bref, qui le laisseront se débrouiller tout seul avec ses ennuis. Ne lui a-t-on jamais dit à Jésus que l’on ne peut s’agenouiller, se prosterner que devant Dieu ? Jamais l’homme n’a reçu tant d’honneurs que dans cet agenouillement du Seigneur devant ses disciples et devant nous-même.

Et que veut dire cette parole au verset 8 : « Si je ne te lave, tu n’auras point de part avec moi. »  

Devant quoi Jésus est-il à genoux ? Devant le Royaume de Dieu que nous sommes appelés à devenir ! Le Royaume de Dieu, c’est la Royauté au plus intime de nous mêmes mais pour que cette Royauté existe réellement, il faut que nos cœurs s’éveillent. Voilà pourquoi Jésus est à genoux, qu’il baisse les yeux devant la  femme adultère, qu’il cherche les brebis perdues.

N’est-ce pas cela le vrai visage de Dieu ? Non pas une limite, non pas une menace, non pas un interdit, non pas une vengeance, mais l'amour agenouillé qui attend éternellement le consentement de notre amour sans lequel le Royaume de Dieu ne peut se constituer et s'établir.

Et ce dernier verset, qui nous trouble :

Si donc je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres ; car je vous ai donné un exemple, afin que vous fassiez comme je vous ai fait. Jean 13 ; 14,15

Si nous réalisions, comme l’écrit, admirablement, Maurice Zundel, qu’ « Être Dieu ne signifie pas dominer et avoir le pouvoir d’écraser les autres mais qu’être Dieu signifie se donner sans mesure. » comme Jésus, nous ne nous contenterions pas d’aimer Dieu mais d’aimer l’homme «  dont la liberté a la mesure de la croix et la dignité a la caution du lavement des pieds. »