Pourquoi avoir classé le billet précédent dans la catégorie "Béatitudes et Paraboles"? Tout simplement parce que si la même recherche effectuée sur " Le Notre Père ", nous la réalisons sur " Les béatitudes " ou sur " Les paraboles ", nous arrivons au même résultat . Jésus savait mettre en valeur " le Verbe " - ne l'était-il pas, d'ailleurs? - des prophètes, des psalmistes en employant les procédés d'enseignement des rabbis.

D'ailleurs, pour en revenir au " Notre Père ", ce vocable " Père " apparaît quelques 170 fois sur les lèvres de Jésus, l’hébreu et l’araméen ont deux formes pour Père: une forme emphatique Abî, correspondant au français Père, une forme familière Abbâ, correspondant au français Papa. Un texte du Talmud dit ceci :" Lorsque l'enfant goûte au blé - quand il est sevré- il apprend à dire Abba et Imma - Papa et Maman".

Abba est donc un terme enfantin. Pour une sensibilité juive, cela aurait été un manque de respect, donc une chose impensable, que de s’adresser à Dieu avec un terme aussi familier. Faut-il en conclure à l’audace de Rabbi Iéshoua qui, en se permettant une telle familiarité, voudrait ainsi marquer son intimité avec Dieu ?

« Que Jésus ait osé franchir ce pas, voilà quelque chose de nouveau et d’inouï. Il a parlé avec Dieu comme un enfant avec son père, avec la même simplicité, la même tendresse, la même sécurité. Lorsque Jésus appelle Dieu Abba, il nous dévoile ce qui est le cœur de sa relation avec lui. » Joachim JEREMIAS, Abbâ, Jésus et son Père

Sans vouloir offenser personne, je voudrais présenter une autre approche de ce schème. En effet, 

Abbâ est aussi un titre rabbinique et signifie donc: Maître, Professeur, Instructeur mais qui réservé aux grands docteurs. On comprend que Iéshoua le réserve à celui qui est plus grand (= rab), “plus savant” que lui: « L’Abbâ - Instructeur / Père - qui me les a données est plus grand que tous. » (Jn 10, 29) « Si vous m’aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je vais à l’Abbâ, -Instructeur / Père - parce que l’Abbâ est plus grand que moi. » (Jn 14, 28)

Attribuer à Dieu le titre rabbinique d’Abbâ, c’est, pour Iéshoua, affirmer sa fonction essentielle d’Enseignant. Dieu est essentiellement celui qui parle à l’Homme, créé comme son ombre, pour devenir sa ressemblance.

Abbâ-Instructeur et Abbâ-Père.

En conclusion, je laisse à votre méditation ce mot de Clément d'Alexandrie:

« Voilà la vérité: la perfection appartient au Seigneur dont le rôle est d’enseigner sans cesse; quant à nous, qui avons sans cesse à nous instruire, notre qualité, c’est d’être des enfants, des tout- petits. »