En écrivant un mot de consolation suite au décès d’un ami de longue date, nous avons l’habitude d’utiliser l’expression : « Cœur brisé ». Mais que veulent donc dire au juste ces paroles :« L’Eternel se tient près du cœur brisé. » Psaume 34 ;19 qui est ici la première occurrence de cette expression qui est associée à « un esprit contrit ».

Les versets 15 de Esaïe 57 et 1-2 de Esaïe 66 nous parlent de la demeure du Très-Haut ; cette  demeure élevée et sainte que le Très-Haut habite est la seule qui lui convienne, la seule qui soit digne de lui, la seule à sa mesure. Personne ne peut prétendre s'élever jusqu'à cette demeure éternelle et en franchir le seuil. Mais le Dieu inaccessible fait savoir ici qu'entre lui et le « cœur brisé » toute distance est abolie. Celui qui est infiniment au-dessus est aussi mystérieusement « avec ».

L’Eternel habite le « cœur brisé ».

Ces paroles ne sont donc pas seulement un message de consolation.

Le « cœur », dans le langage de la Bible, désigne la réalité profonde de l'être humain, en opposition à l'apparence. Le « cœur » est la source secrète de nos énergies intimes et premières : « Plus que sur toute chose, veille sur ton cœur ; c'est de lui que jaillissent les sources de la vie ». Prov. 4 ;23

Le « cœur brisé » mesure toute la distance qui le sépare de Dieu. Il le fait à travers la prise de conscience douloureuse de son péché et l'aveu sincère de sa faute : il est alors un esprit contrit.

 Quand se manifeste la révélation du Saint-Esprit, devant cette double révélation, celle de la sainteté de Dieu et celle de la misère de l'homme, l'âme est secouée à la fois d'un frisson d'amour et d'horreur. Le cœur se brise.

Au plus profond de ce mystère, il y a le souci de l'homme perdu, l‘oeuvre du Dieu saint envers l'homme pécheur car Dieu ne se réjouit pas de la mort du pécheur. Au contraire, il le veut vivant, sauvé, saint lui aussi. « Car tu ne souhaites pas de sacrifices, je les offrirais volontiers tu ne prends point plaisir aux holocaustes: les sacrifices [agréables] à Dieu, c’est un esprit contrit; un cœur brisé et abattu, ô Dieu, tu ne le dédaignes point. » Ps. 51 ;19

 Ainsi, pour le « cœur brisé », l'émotion sainte et profonde, le frémissement sacré ne sont pas d'abord dans l'homme. Ils sont en Dieu lui-même : dans le souci qu'il a de l'homme perdu et qui le porte à se communiquer à lui.

Le « cœur brisé » découvre le Dieu vivant.