Une jeune Hollandaise d’origine juive, Etty Hillesum,  qui mourra à Auschwitz, éloignée de Dieu, elle le découvre en regardant en profondeur à l’intérieur d’elle-même et elle écrit : « Il y a en moi un puits très profond. Et dans ce puits, il y a Dieu. Parfois je parviens à l'atteindre. Mais plus souvent, des pierres et des gravats obstruent ce puits, et Dieu est enseveli. Alors il faut le remettre à jour. »

Combien de puits Isaac n’a-t-il pas creusé avant de recevoir la bénédiction de l’Eternel à Beer Shéva. L’eau, la source de la vie, est toujours à reconquérir dans un monde où le partage des biens reste éternellement un problème. Mais en trouvant sa juste place en « Eretz Israël », Isaac peut reconnaître la voix de Dieu qui l’appelle à vivre.

Le puits où je puise est en terre juive ; mon récit prend naissance dans le puits… Cette pensée d’Edmond Jabés me plonge dans un autre récit de l’A.T. ; en Genèse 29, Jacob roule la pierre sur la bouche du puits pour abreuver le troupeau de Laban. Dans l’évangile de Jean, le puits qui affirme la présence de Dieu au cœur de la vie nous le retrouvons avec l’épisode de la samaritaine et la pierre qui « est enlevée » dans celui de la résurrection de Jésus.

Le tombeau vide de Jésus  n’est-il pas l’image fondamentale de la bonne nouvelle, qui indique que la mort est vaincue et que la vie a triomphé de manière glorieuse ?

D’ailleurs si « Bonne nouvelle » traduit le mot grec "Euangelion », l'expression phonétique hébraïque "even gilaion - la pierre qui est roulée" qui, notons-le au passage, est omniprésente dans le livre de Josué (cf Josué 3-4 ; 8 ; 10 ; 24, 26-27), ne donne-t-elle pas à l'Evangile toute sa puissance de "bonne nouvelle" pour tous ceux qui sont continuellement dans la crainte de la mort ?

Mais il y a plus remarquable !

“YHWH dit à Josué : “Aujourd’hui j’ai roulé (verbe hébreu galal) de dessus vous la honte d’Égypte”. Aussi a-t-on appelé ce lieu du nom de Guilgal (gilgal) jusqu’à ce jour” (Josué 5 ; 9).

Jésus, portant sa croix, arriva au lieu du crâne, qui se nomme en hébreu Golgotha(Le crâne en hébreu se dit gulgulet (d’où le nom Golgotha). (Jean 17 ; 9)

Le crâne est conçu comme une pierre arrondie, qui pourrait rouler comme une boule. Guilgal et Golgotha ont la même racine, ils sont les lieux où Dieu a « roulé » la honte.

Golgotha est le lieu où Jésus fera l’expérience de la pierre roulée : celle du tombeau au sujet de laquelle les femmes se demandent au matin de Pâques : “Qui nous roulera la pierre ?” (Marc 16, 3-4).

Bien sûr vous n’êtes pas obligé de me croire.