Voilà plusieurs semaines que je recherche des textes hébraïques de rabbins ou d’écrivains israéliens concernant Jésus et j’ai découvert ce texte de Chaim Naacham Bialik, un poète du siècle dernier :

Ce pays (Eretz Israël) a eu la grâce d’un don particulier : celui de toujours réussir en fin de compte à transformer des choses insignifiantes en réalités grandioses. Il y a quatre millénaires environ, des groupes de pasteurs nomades venant d’Ur en Chaldée, d’Aram, d’Egypte et du désert de l’Arabie Saoudite de l’ouest s’y rassemblèrent.

A partir d’eux s’est constitué un petit peuple, en ce temps-là pauvre et nécessiteux, le peuple d’Israël.  En lui surgirent des hommes simples, pasteurs, paysans, planteurs comme leurs frères, portant en leur cœur la tempête de l’esprit divin, et sur leurs lèvres, le tonnerre et le mugissement de Dieu. Ces humbles hommes parlaient à la fois aux puissants et au peuple, de l’histoire de leur temps comme des soucis quotidiens des hommes. Ils osaient également tourner leur regard vers l’éternité, le ciel et l’univers. C’est  eux  en fin de compte qui donnèrent au monde les fondements de la foi et une culture éthique. Par-delà des centaines de générations, par-delà les chefs des nations qui apparaissent et disparaissent sur la scène mondiale, c’est leur voix qui continue à nous atteindre. De nos jours, grâce à la toute puissance de Dieu, elle résonne plus forte, plus majestueuse et plus puissante que jamais…

Après le Décret de Cyrus, des dizaines de milliers d’exilés étaient retournés en ce pays desséché. De nouveau ils avaient formé une petite communauté misérable, plus petite et plus pauvre que la première.

 A peine trois siècles plus tard, un autre juif, fils d’un charpentier israélite, se leva en ce petit pays. Il porta le message de la rédemption dans le monde païen, afin de préparer le chemin pour la venue du Messie… Il y a de cela deux millénaires, mais les idoles n’ont pas encore disparu de la surface de la terre. Vint alors la déclaration de Balfour. Pour la troisième fois Israël se rassemble en son pays. En vérité, ce n’est pas en vain que la main de Dieu a guidé ce peuple pendant quatre millénaires à travers toutes les souffrances infernales, puisqu’Il le ramène  maintenant pour la troisième fois dans ce pays.

Au travers de ce texte, je suis saisi par la capacité du peuple Juif à rebondir pour affronter les difficultés de la vie et qu’une situation critique, désespérée donne naissance à quelque chose de grand. Imaginez la situation dans les années 70 a.p. J-C. Il n’y avait plus de ville sainte et, pire, il n’y avait plus de lieu saint pour adorer et sacrifier…le peuple allait-il mourir dans ses péchés ?

Certainement, rabbins et scribes s’ils ont pleuré, ils ont aussi réfléchi et les évangiles un peu après les premières épîtres de Paul sont apparus. L’expérience passionnante de Jésus et celle de la première communauté lancent dans le monde un dynamisme spirituel extraordinaire. L’effervescence des idées et des charismes donne naissance au christianisme qui façonnera l’âme occidentale en fabriquant un modèle d’humanité que l’on ne peut nier.

Mais où en sommes nous aujourd’hui ?

Combien de gens fréquentent le comptoir des spiritualités au supermarché des religions. On y trouve de tout : de l’authentique et des contre façons, animé par des vendeurs de toute formation : des sages, des apprentis et des escrocs présentant des produits de toute nature : chrétien, ésotérique, bouddhiste, judaïque, musulman, occulte et paranormale. Tous – et nous-mêmes peut-être – étant convaincus de ne trouver rien qui vaille dans une religion partent en vagabond à la poursuite du divin.

Car que peut-on attendre d’une institution qui a recours à l’infaillibilité, à l’autorité de Christ et à la volonté de Dieu pour justifier son système dogmatique ? Mais les gens qui n’y croient plus savent trop le prix fort à payer pour afficher leur liberté, aussi préfèrent-ils le mutisme, l’obéissance servile. On ne décide pas comme cela, un bon matin en prenant son café de s’arracher à ses habitudes, aux idées reçues, à ses façons de faire.

Comme Jésus de Nazareth, il faut arriver à le « désirer » : Il leur dit: J'ai désiré vivement manger cette Pâque avec vous, avant de souffrir- Luc 22 ;15

Si l’on prend conscience qu’on tourne en rond et qu’on s’active sans avancer, que nous sommes dans l’impasse… on désirera trouver la passe qui mène à la vie.