Les fêtes juives de ce mois d’Octobre se terminent par la fête de Souccoth, fête des « Cabanes », « des Tentes » ou « des Tabernacles » une fête éminemment joyeuse.

En se penchant sur les textes clés de la crucifixion dans les évangiles, en s’étonnant que les traditions de Souccoth  ont été déplacées de l’automne à la saison de la Pâque on comprend que la Crucifixion soit plus de nature liturgique qu’historique. Les évangélistes avaient très bien compris la mission de celui qu’on désignait comme « le messie », même s’ils n’osèrent pas l’exprimer aussi crument que Paul, dans l’épître aux Galates : Il n’y a plus ni juif ni grec ; et plus tard dans l’épître aux romains :

Il n'y a aucune différence, en effet, entre le Juif et le Grec, puisqu'ils ont tous un même Seigneur, qui est riche pour tous ceux qui l'invoquent. Car quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé.

Aux temps de la gravité de Yom Kippour succèdent un temps de joie, des portes fermées de la synagogue on passe aux portes ouvertes de la souca, au temps d’intériorité place à un temps d’extériorité, à Souccoth il faut être dans l’hospitalité, dans l’ouverture au monde avec le dialogue nécessaire avec l’autre, sous la souca on est tous unis dans un débordement d’amour.

Les écrivains du nouveau testament ne pouvaient qu’associer Souccot, la fête de l’ouverture à Pessah, image de la libération de nos angoisses et de présenter un Jésus profondément humain qui nous aide à franchir les limites tribales qui entravent notre humanité.

 

La présence de terroristes d’un autre pays ou d’une autre culture dans notre pays a mis en lumière notre mentalité tribale. Les gens de notre nation se regroupent comme un peuple unique et cohérent avec des drapeaux tricolores sur nos maisons, nos vélos. L’objectif collectif de notre nation est exprimé par une forte volonté à punir et même à détruire nos agresseurs.

Mais l'objectif de Jésus était et est de donner la vie, et de la donner en abondance. Il est à craindre que cet objectif ne sera jamais atteint tant que nos mentalités et nos peurs tribales n'auront pas été véritablement surmontées. Cette mentalité tribale est si puissante et présente dans chaque nation que cela se concrétise par la colère voir par la haine. Et toutes les religions sont infectées par cette mentalité et de ce fait la religion quel qu'elle soit est un frein pour notre humanité. N'est-ce pas l'unique message de Jésus, du Jésus des évangiles bien sûr, pas celui que la religion auréole d'un pouvoir théiste? En envoyant ses disciples juifs "jusqu'aux extrémités de la terre" Il leur commande d'aller au-delà de leurs barrières tribales, au-devant de ceux qui sont différents d'eux et souvenons-nous qu'à cette époque il y avait, pour eux, le peuple juif et les autres, les impurs. Il nous invite à nous évader de cette prison qu'est la religion. Il me semble que Dieu apparait quand, comme le Christ, nous vivons la plénitude de notre humanité, quand les barrières tombent, quand les haines s'effacent et quand de "nouvelles créatures" voient le jour…

 

…Mais bien sûr vous n’êtes pas obligés de me croire.