La question des migrants est une question qui empoisonne notre société, une société qui recherche avant tout son confort et sa sécurité et il est difficile pour nous, Européen, de prendre parti. On intervient plus volontiers en faveur de la paix en Extrême-Orient qu’en faveur de la paix dans sa propre famille. Les judéo-chrétiens que nous sommes se « solidarisent » plus facilement avec les pauvres d’Amérique latine ou d’Afrique qu’avec les immigrés dans son propre pays. Plus le prochain est éloigné et plus il est facile de proclamer -verbalement- qu’on l’aime. Et pourtant, il est écrit : « Si quelqu'un dit: J'aime Dieu, et qu'il haïsse son frère, c'est un menteur; car celui qui n'aime pas son frère qu'il voit, comment peut-il aimer Dieu qu'il ne voit pas? » 1Jean 4 ;20

 Mais le fruit de l'Esprit, c'est l'amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la fidélité,… Galates 5,22. Il me semble que dans ce verset l’apôtre Paul veut exprimer la volonté de Dieu. Il est clair que Dieu ne veut rien pour lui-même ou dans son intérêt, Il ne cherche aucunement à accroître sa gloire.

Dieu ne considère rien d’autre que l’intérêt de l’homme, la volonté de Dieu, c’est le bien de l’homme.

Beaucoup d’entre nous, nous sommes inquiets : quelle est la volonté de Dieu pour ma vie ?... sous entendu : que dois-je faire pour être apprécié, voir récompensé par le Divin ?

Demandons-nous, simplement, dés le réveil, comment aujourd’hui nous pourrions faire plaisir, comment nous pourrions honorer « au moins un seul homme » !

Aimer, pour Jésus, ce n’est pas des paroles, des sentiments mais des actes de force et de courage. Il est étonnant de constater que, pour Lui, l’amour ne signifie pas seulement l’amour des hommes, mais essentiellement l’amour du prochain. Je n’aime Dieu que pour autant que j’aime mon prochain.

« Le premier venu est plus proche de Dieu que moi : voilà toute ma croyance » dira Christian Bobin et aussi : « Ce qui fait événement c’est ce qui vivant est ce qui est vivant c’est ce qui ne se protège pas de sa perte! »

 Et comment dois-je aimer mon prochain ?  La réponse de Jésus ne laisse aucune issue pour des excuses : « comme moi-même.» C’est donc cette disposition naturelle de l’homme envers soi-même qui sera la mesure de l’amour du prochain. Ce que je me dois à moi-même, je ne le sais que trop bien comme je n’ignore pas ce que les autres me doivent. Très naturellement nous tendons, en tout ce que nous pensons, disons et ressentons, faisons et supportons, à nous protéger, à nous favoriser, à choyer notre moi. L’Evangile préconise donc que nous accordions précisément la même attention et les mêmes soins à notre prochain !

Mais il n’y a ni faiblesse, ni complaisance mal saine dans l’expression de cet amour. Il ne s’agit pas d’éteindre sa conscience ; il s’agit d’orienter sa volonté vers l’autre en étant attentif et disponible à autrui. C’est seulement à condition de ne pas vivre pour moi et d’être ouvert sans réserve au prochain, que Dieu accepte comme Il m’accepte moi-même, que je puis accomplir la volonté de Dieu.

Mais qui est mon prochain ?... ce sera le sujet d’un prochain billet.