Neuf heures, j’emmène ma petite nièce chez l’orthophoniste. Nous devons respecter l’heure du rendez-vous et ce Lundi matin, la circulation n’est pas facile quand Ana m’annonce qu’elle a oublié la pochette avec le chèque pour le docteur. « Ne t’inquiète pas, je m’en occuperai au retour. » -Silence- « Ne t’inquiète pas ! » - Silence puis… « Oui mais il y a aussi mes exercices avec les syllabes dedans. » Feu vert- Feu rouge – On n’avance pas ! « Ne t’inquiète pas, ma chérie ! »

Le silence dans la voiture hurlait son inquiétude.

Feu vert !... Je fais demi-tour.

Le silence se fit entendre : « Merci, mon dadou ! ». Nous sommes arrivés à l’heure, juste, mais à l’heure…  Tandis que notre homme extérieur s’en va en ruine, notre homme intérieur se renouvelle de jour en jour. » II Corinthiens 4,16.

Il nous faut accepter le paradoxe du « vieillir », accepter le déclin du corps… à la fin de notre existence nous serons nous aussi dépendants, comme les enfants, comme ma nièce Ana. Mais il y a une promesse, non pas quelque chose qui ne vieillirait pas mais quelque chose qui va grandir, une ouverture spirituelle.

Cette aventure spirituelle est un défi pour nous…les anciens, mais aussi une responsabilité vis-à-vis de nos jeunes, parce qu’ils nous regardent vieillir. Ils ont peur que nous vieillissons mal, c’est à dire que nous vieillissons en laissant notre esprit, notre cœur s’éteindre et nous deviendrions alors un poids pour eux et pour la société.

Car le jeune homme est beau, mais le vieillard est grand.

Le vieillard qui revient vers la source première,

Entre aux jours éternels et sort aux jours changeants ;

Et l’on voit de la flamme dans les yeux des jeunes gens,

Mais dans l’œil du vieillard on voit de la lumière.

Victor Hugo

Booz endormi