En préparant la courte méditation de la paracha de la semaine, transcrite dans la catégorie « L’année juive » (Vayera-le cri de l’enfant), les versets 4 et 5 du chapitre 22 de la Genèse m’ont intrigué. En effet, il est écrit : … restez ici avec l’âne… Pourquoi donner de l’importance à un âne alors que les deux serviteurs ne sont même pas nommés dans la péricope ?

L’étude du terme HaKhaMOR –l’âne- ne répondait pas mon interrogation, par contre la préposition IMe -avec- dans l’expression « avec l’âne » semblait intéressante. Les habitués du blog savent maintenant qu’à l'origine, on n'écrivait pas les voyelles en hébreu. Puis certaines consonnes ont été utilisées pour représenter aussi des sons. Enfin, un système de points et de traits a été ajouté au-dessous et au-dessus du texte consonantique, sans le modifier. Ainsi se trouvait conciliées deux obligations apparemment contradictoires : celle de ne rien changer au texte venu de Dieu, et celle d'en bien comprendre toutes les nuances. Aussi « IMe » peut se lire « AMe » - peuple – comme dans l’expression bien connue « Ame HaAeReTZ » -peuple du pays- alors la lecture de l’expression « avec l’âne » devient : Peuple d’âne ! Mais dans le texte, pourquoi les deux serviteurs symboliseraient-ils « un peuple d’ânes » ? Revenons au texte : Le troisième jour, Abraham, levant les yeux, aperçut l'endroit dans le lointain. Et si, seul, Abraham vit la présence divine sur la montagne, on peut comprendre sa réflexion : Si vous ne voyez rien, restez ici peuple d’ânes.

Cela signifie-t-il que celui qui ne distingue pas la présence divine est un âne ? Alors ne suis-je pas un âne parfois, dans certaine situation ? Car LA PAROLE DE DIEU est VIVANTE et EFFICACE, plus tranchante qu'une épée quelconque à deux tranchants, pénétrante jusqu'à partager l'âme et l'esprit, jointures et moelles ; ELLE juge les sentiments et les pensées du cœur, atteste Hébreux 4:12.

En trente et quelques années de vie chrétienne, j’ai grandi spirituellement dans le « rien n’est impossible à Dieu », le « il faut croire simplement » mais tout est-il crédible, Dieu est-Il tout-puissant ? Cette première année de retraite m’a permis de me livrer à l’étude et à la lecture comme jamais je n’ai eu le temps de le faire et de comprendre que la parole de Dieu est vivante.

Plus le temps passe, plus je me dis que le Dieu de Jésus est différend de ce que l’on m’a habitué à penser de Lui. Pourquoi ? Parce que je suis peut-être un âne dressé pour faire ce que l’on me dit de faire, de croire ce que l’on me dit de croire pour finalement prendre des coups de bâtons si je n’avance pas dans le chemin que l’on me montre.

Je suis conscient que l’on ne connaîtra jamais parfaitement la réalité de Dieu. Il est tellement hors normes qu’il faut accepter parfois de dire : « Je ne sais pas. » Mais nous devons quand même chercher à comprendre, autant qu’il se peut : Dieu ne nous veut ni idiots, ni bornés.

« Il faut comprendre pour croire, mais il faut aussi croire pour comprendre ! » Paul Ricoeur.